Samedi 8 mai 2010
À la suite de la tenue d’une longue réunion, obtenue à chaud sous le souffle du conflit, au ministère de l’Écologie, les bateliers se sont engagés à lever tous leurs barrages.
Dominique Bussereau, le secrétaire d’État aux Transports, s’est engagé à défendre un plan de modernisation de la profession. Il serait question par exemple de prévoir une exonération de la TIPP perçue sur les carburants des bateaux fluviaux, comme cela se fait d’ailleurs dans le reste de l’Europe, et la suppression des plus-values de cession de matériel réinvesties dans le transport fluvial. Le coût de la suppression de la TIPP pourrait représenter 3% du coût d’exploitation des transports fluviaux, soit environ 3,3M€.
D’autres mesures compléteraient le confortement du plan d’aide à la modernisation de Voies navigables de France.
Enfin des mesures pédagogiques devraient aider les artisans à mieux calculer leurs coûts et à ne pas accepter des prix de transport trop bas. Elles s’accompagnent d’un code de bonne conduite avec observatoire des coûts et des prix.
La colère des artisans bateliers était venue de la chute des prix du fret qui réduisait leurs revenus de quelque 30%. Ils demandaient donc que des tarifs minimaux soient fixés.
François Dalaise, président du Comité des Armateurs fluviaux (CAF) qui regroupe des compagnies de transport souvent liées à de grands groupes industriels, a souligné que le blocage des voies navigables mettaient en cause 15 années d’efforts de la profession pour gagner la confiance de ses clients après la fin du système de tarifs réglementés qui avait laminé la rentabilité de ce mode de transport. « La dérive des prix à la baisse observée en Europe a gagné la France et fragilise l’ensemble des entreprises fluviales à un moment où elles viennent de réaliser d’importants efforts d’investissement. »
André Balbo
Source : Les Échos
jeudi 06.05.2010, 05:10 - La Voix du Nord
Fin de conflit : les bateliers lèvent les barrages
Les écluses devraient être débloquées aujourd'hui.
Deux premières réunions au ministère des Transports n'avaient rien donné. Celle d'hier, avec les syndicats, les courtiers et les armateurs, a débouché sur la signature d'un protocole de fin de conflit. ...
« Le ministère des Transports nous a promis des contrôles de la DGCCRF pour veiller à ce qu'en respect du code fluvial, les courtiers ne nous fassent plus travailler à perte », se félicite Didier Carpentier, animateur pour le Nord du syndicat la Glissoire.
En revanche, il est un peu plus réservé sur l'autre point essentiel de l'accord : « Il va être demandé à chaque batelier de calculer son seuil minimum de rentabilité. Or, nous aurions préféré que soit déterminé un seuil de rentabilité commun, comme nous l'avions demandé. Car là, ceux qui ont investi beaucoup ne vont pas pouvoir pratiquer des prix aussi bas que d'autres. Et il risque d'y avoir des problèmes.
»
« De bonnes bases »
Néanmoins, il se réjouit de l'état d'esprit général : « Il semble que nous soyons repartis sur de bonnes bases.
Je pense que, dans un premier temps, les armateurs et les courtiers vont jouer le jeu et ne pas nous appliquer des tarifs trop bas, mais il faut que ça dure et que les chargeurs et les clients aillent aussi dans ce sens. » Hier soir, Didier Carpentier devait annoncer la nouvelle aux grévistes, leur dire qu'il a été convenu de lever les barrages et dès aujourd'hui, le trafic fluvial devrait reprendre normalement. Mais Marc Debeer, animateur du site Internet Fleuves et Canaux et observateur très avisé du milieu et de la situation, craignait que « quelques irréductibles refusent de redémarrer ».
En tout cas, il pronostiquait il y a quelques jours : « À l'issue du mouvement, certains bateliers, les plus jeunes dans le métier et ceux qui étaient déjà très fragilisés, ne pourront pas redémarrer. » Pour les autres, il est donc promis qu'ils soient un peu moins ballottés une fois l'ancre levée.
Historique
La grève des bateliers mai 2010
le 5 mai 2010
Le transport fluvial sur la Seine est bloqué.
Depuis lundi soir, plus aucune péniche ne peut circuler entre Le Havre et Paris. Les mariniers du bassin parisien, représentant environ 250 péniches, ont mis en place un barrage sur le fleuve au niveau de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), la capitale nationale
de la batellerie.
Ils dénoncent une chute de leur chiffre d'affaires et réclament l'instauration d'un seuil minimum de rentabilité.
Les bateliers veulent obtenir une clarification du système de facturation appliqué par les intermédiaires qui négocient les prix. «A titre d'exemple, alors que le client paye 24 € la tonne de céréales, nous ne percevons que 5 à 8 €, raconte Marc Dumont qui est à la tête d'un vraquier de 1 200 tonnes. En fait les affréteurs qui sont nos intermédiaires font la pluie et le beau temps au niveau des tarifs mais aussi de la répartition des commandes».
Réunis au sein du syndicat La Glissoire, les mariniers devraient être reçus ce mercredi au ministère des transports.
AFP
26/04/2010
Des bateliers ont entamé le blocage des axes de navigation fluviale du Nord, à l'aide de leurs péniches, pour protester contre la baisse de leurs revenus et réclamer la définition d'un seuil minimum de rentabilité.
Lundi matin, une quinzaine de péniches en grève, représentant 15.000 tonnes de capacité de transport, soit 600 camions, bloquaient la navigation en quatre points stratégiques : sur la Deûle à Lille, l'Escaut à Fresnes-sur-Escaut, la Sensée à Douai et le canal grand gabarit Dunkerque-Valenciennes à Watten.
Le mouvement bloque notamment le trafic entre la Belgique et la France et l'accès à Paris depuis le Nord, selon les bateliers. "On se bat pour la survie du transport fluvial", a déclaré Didier Carpentier, un responsable du syndicat de bateliers La Glissoire. Après plusieurs réunions infructueuses avec les services de l'Etat, le syndicat réclame "la mise en place d'un seuil minimum de rentabilité" pour la profession. Selon lui, de nombreux bateliers "vont s'arrêter parce qu'ils n'y arrivent plus".
Pour M. Carpentier, "les courtiers et les intermédiaires se livrent une concurrence accrue" au détriment des bateliers. "Aujourd'hui, rien n'est fait contre les pratiques abusives", estime-t-il. La profession a été victime de la crise économique qui a fait baisser le trafic fluvial au niveau européen l'an dernier, explique-t-il, ajoutant que la remontée du transport de marchandises ces dernières semaines n'a pas fait remonter les prix.
Un responsable au secrétariat d'Etat au Transport a indiqué que les autorités examinaient "une série de mesures de soutien, y compris fiscales" en faveur des bateliers. "On a déjà demandé aux VNF (Voies navigables de France) de ne pas augmenter les péages de 2010. On a sensibilisé la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) de pratiquer davantage de contrôles pour vérifier qu'il n'y ait pas de ventes à perte", a-t-il précisé.
"On est sensible à leurs problèmes, mais il n'y aura pas de tarifs administrés. On ne fait pas ça. Ce n'est pas autorisé par Bruxelles", a souligné ce responsable.
30/04/10
La grève des bateliers gagne la Champagne-Ardenne. Ce jeudi en fin d'après-midi, un batelier a positionné sa péniche au niveau de l'écluse des 4 cheminées. Il en bloquera le passage jusqu'à demain au moins.
Les premiers barrages ont été installés sur la Moselle au niveau de Thionville. Les bateliers protestent partout en France contre la baisse de leurs revenus. Le trafic des bateaux entre la France et le Nord de l'Europe est donc fortement perturbé.
Les bateliers demandent à être reçus par le Ministère des transports pour fixer un seuil de rentabilité de la profession. L'ultimatum est fixé au 1er mai.
« Nous n'avons pas obtenu de réelles avancées », avance Daniel Claeys, secrétaire général du syndicat la Glissoire. « La seule mesure concrète qui nous a été faite consiste à renforcer le nombre de contrôles par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) auprès des courtiers et des mariniers. Le ministère dit avoir les outils pour lutter contre le travail à perte », poursuit le batelier.
« Concrètement, il n'y a rien »
« Concrètement, il n'y a rien », estime le Béthunois Didier Carpentier, représentant de la Glissoire. « Les bateliers ont donc décidé de poursuivre le blocage ». Membre de la délégation reçue à Paris, le batelier rejoint ce jeudi soir son bateau amarré en travers de la Deûle, à Lille.
Sur la coque de sa péniche, il a écrit en grandes lettres blanches : « 2010 mort de la batellerie », « le fluvial, on en parle, mais on ne fait que ça »...
Dans la région, des barrages sont toujours mis en place à Lille, Fresnes-sur-Escaut (Valenciennes), Watten (près de Saint-Omer) et Douai. D'autres points de blocage interdisent la navigation sur la Meuse, à Givet, et la Moselle, à Thionville.
Des opérations escargots sont prévues sur la Seine, à Rouen et en Ile-de-France.
400 millions d'euros pour rénover les écluses
LES MARINIERS dénoncent la vétusté des écluses en région parisienne. 400 millions d'euros de travaux sont toutefois prévus d'ici à 2013. «Nous demandons en urgence la remise en état des écluses, notamment sur la Seine, afin de ne plus pénaliser les professionnels de la voie d'eau et leurs clients.Cela permettra de mener une politique ambitieuse de développement économique par le biais d'un transport écologique, comme l'a préconisé le Grenelle de l'environnement », martèle Michel Dourlent,président de la Chambre nationale de la batellerie (1 000 artisans).
Bloqués durant plusieurs jours par la grève des éclusiers, la semaine dernière, les mariniers veulent à leur tour se faire entendre. Daniel Claeys, président de l'association la Glissoire, qui regroupe 140 professionnels de la région, est en colère.
« En 2007, l'écluse du Coudray-Montceaux, en Essonne, est tombée sans arrêt en panne. Regardez l'écluse de Champagne. Dans les années 1970, la grande écluse a été refaite. Mais pas la petite. Du coup, si la première tombe en panne, impossible pour les gros tonnages de passer. Et je ne parle pas de l'état des berges. Ça s'écroule de partout. Comment voulez-vous garantir une fiabilité de transport à des cimentiers ou des céréaliers ? » Après une crise profonde voilà vingt ans, la Chambre de la batellerie indique que les voyants sont au vert. « La création d'entreprises de transport a augmenté de 6 % en 2007. On peut faire beaucoup mieux », affirme Michel Dourlent. Du côté de Voies navigables de France(VNF), qui gère ces ouvrages, on se veut optimiste. « Nous sommes conscients du caractère vieillissant de ces équipements. Et des enjeux économiques de la voie d'eau. Par exemple, pour les transports entre le port du Havre (76) et l'Ile-de-France, le fluvial représente 13 % des échanges. Un chiffre supérieur à celui du chemin de fer. » Du coup, VNF confirme 400 millions d'euros d'investissements, dans le cadre du contrat de projet Etat-région 2007-2013. But : « Assurer la fiabilité du réseau à grand gabarit pour des péniches pouvant transporter jusqu'à 5 000 tonnes de fret. » Les premiers travaux démarrent d'ici à la fin du mois. « Nous devons d'abord reconstruire les barrages, qui permettent de réguler le courant à hauteur des écluses. Le premier chantier concernera Le Coudray-Montceaux. Il va durer deux ans et coûter 20 millions d'euros. Viendront ensuite ceux de Chatou (Yvelines), des Vives-Eaux à Boissise-le-Roi etMeaux. » Parallèlement, différentes écluses vont être rénovées : Evry et Le Coudray en Essonne, ainsi que Champagne en 2008 et 2009. « Notre but est de permettre une augmentation de 25 % du trafic d'ici à 2015 », assure-t-on à VNF.