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Comme tous les animaux terrestres, l'homme dépend de l'eau douce, celle des
rivières, des étangs et des lacs, avec laquelle il vit en symbiose.
Les
nécessités de cette symbiose, le transport et la conservation de l'eau
ont fait naître une technologie de "contrôle des eaux en grandes
masses" grâce au barrage construit et au canal creusé.
La construction
d'un barrage en travers d'une rivière a pour effet d'élever artificiellement
la surface de l'eau, ce qui permet d'obtenir une hauteur de chute exploitable
à l'aide d'une roue ou d'une turbine.
Dés la fin de l'antiquité, les moulins
à eau ont commencé à se répandre et petit à petit, beaucoup de nos rivières
petites et moyennes ont été ainsi équipées de nombreux barrages nécessaires
à l'établissement de ces moulins.
Le barrage permet aujourd'hui, d'assurer un niveau (tirant) d'eau suffisant pour la navigation, de le réguler en période de sécheresse et de crues, de produire de l'électricité, etc...
Le
maintien de la navigation sur les rivières
équipées de barrages pour les
moulins a donc nécessité la mise en place de dispositifs
permettant de
faire passer les bateaux
du bief haut au bief bas et réciproquement.
Le plus primitif consiste à faire passer le bateau par-dessus le barrage,
ou à côté, sur une rampe équipes de rouleaux.
Certaines de ces "rampes"
à bateaux sont restées en usage jusqu'à notre siècle, notamment dans le
marais Vendéen.
Il n'est utilisable que pour des bateaux de petite taille,
courts et solides; leur grand avantage est de ne pas coûter cher et de
n'entraîner aucune consommation d'eau.
Un autre procédé, plus pratique
mais bien primitif encore, permet le passage des bateaux plus importants,
ou de bois flottants.
Il consiste à pratiquer une ouverture dans le barrage,
"le pertuis", par où se précipite l'eau de la rivière en une
chute plus ou moins accentuée.
Le bateau peut franchir cette chute, rapidement
(et sportivement) à la descente, beaucoup plus péniblement à la remonte,
à grand renfort d'hommes, de chevaux et de cabestans.
Hors du passage
des bateaux, cette ouverture peut être obstruée par un dispositif mobile,
la "porte marinière".
L'imagination
des hommes de l'eau et des ingénieurs hydrauliciens s'est largement exercée
dans la conception de multiples modèles de portes.
La plus simple consiste
en un empilage de poutrelles horizontales maintenues dans deux gorges
ménagées dans la maçonnerie de part et d'autre du pertuis, et qui peuvent
être enlevées une à une, ou simultanément.
L'écluse
moderne est constituée par un "sas" en maçonnerie.
Le fond de
ce sas est le "radier", les côtés sont les "bajoyers".
Dans la partie amont du sas, le radier forme un ressaut, le "busc"
qui permet de rattraper le niveau du fond du bief supérieur.
Aux deux
extrémités du sas, les portes en bois ou en acier, vont par paires, leurs
deux vantaux buttent l'un contre l'autre avec un certain angle et forment
ainsi une sorte de voûte à deux "claveaux" qui résiste bien
à la pression des eaux, ces portes sont dites "busquées".
Lorsqu'elles
sont ouvertes, elles viennent se placer dans des enfoncements de la maçonnerie
où elles s'effacent entièrement.
Ces
portes sont manuvrées à l'aide de systèmes mécaniques plus ou moins
complexes logés dans l'épaisseur des bajoyers.
Les vannes permettant le
remplissage et le vidage du sas sont généralement installées sur les portes
elles-mêmes et sont manuvrées à l'aide
de crémaillères à manivelles.
Les plus récentes sont assistées par des moteurs et vannes électriques parfois gérées par un ordinateur.
Dans
les écluses modernes de grande taille le vannage est placé dans les bajoyers
et disposé de telle sorte que les remous du remplissage gênent le moins
possible les bateaux.
A chaque fois qu'il y a remplissage et vidage du
sas, le fonctionnement de l'écluse entraîne une certaine consommation
d'eau.
Cette consommation est maxima dans le cas d'une "fausse bassinée",
c'est-à-dire quand l'écluse est remplie ou vidée sans qu'il y ait "sassement"
d'un bateau.
Elle est minima lorsqu'il y a "alternance", un bateau montant
suivant un avalant.
Ecluse à sas à portes busquées avec ventelle
Dessin de Leonard de Vinci
Beaucoup
de rivières aujourd'hui abandonnées par la navigation ont été canalisées
à partir du XVIème siècle à l'aide de barrages fixes en maçonnerie et
d'écluses à sas.
C'est le cas de la Baise, du Tarn et du Lot qui possèdent
encore leur équipement ancien désormais inutile.
Le
canal de dérivation prolonge naturellement l'écluse vers l'aval, et permet
d'éviter la zone de faible profondeur et les atterrissements situés en
aval du barrage.
Il peut y avoir maintes raisons de prolonger ce canal
de dérivation sur de longues distances, en`aval et en amont des écluses,
pour éviter les passages en rivière dans les endroits les plus difficiles..
C'est par exemple le cas de la partie du canal du Nivernais établie
à la fin du XVIIIème siècle en amont d'Auxerre tantôt dans le lit, tantôt
à proximité immédiate de l'Yonne.
Le canal latéral est établi parallèlement
à la rivière sur une longue distance. Il ne conserve avec elle que très
peu de points de contacts. D'abord pour son alimentation bien entendu,
puis parfois par quelques écluses de descente en rivière.
Le
canal de jonction permet, comme l'indique son nom, de mettre en communication
des rivières appartenant à deux bassins fluviaux différents, ou de remplacer
la circulation maritime périphérique des marchandises par une circulation
intérieure.
Il
présente un énorme intérêt dans un pays comme le nôtre
partagé en plusieurs bassins fluviaux débouchant dans des mers différentes.
Dans
les ouvrages, écluses de rivières, canaux latéraux ou de dérivation, l'alimentation
en eau nécessaire au fonctionnement des écluses est assurée de façon tout
à fait naturelle, par le cours d'eau lui-même.
Cela n'est évidemment plus
possible lorsqu'on désire faire franchir à un canal la ligne de partage
des eaux qui sépare deux bassins fluviaux, lieu dépourvu d'eau par définition.
C'est
à Adam de Craponne, créateur du canal d'irrigation qui porte son nom et
qui a fertilisé la plaine de Salon de Provence, qu'on doit la solution
de ce problème technique.
Elle consiste à construire un dispositif de
"rigoles" artificielles destiné à capter les eaux de ruissellement
des hauteurs qui dominent le col choisi pour le passage du canal, à les
stocker dans des réservoirs spécialement aménagés pour cela à l'aide de
barrages, et à les amener au bief de partage.
De là. elles alimentent
écluses des deux versants.
1 - Canal de Briare: de Loire en Seine par le Loing. 1642
2 - Canal du Midi: de Garonne en Méditerranée. 1681
3 - Canal d'Orleans : du Loing à la Loire 1723
4
- Canal Crazat: de l'Oise d la Somme 1738
5
- Canal du Centre: de Loire en Saône 1793
6
- Canal de Saint-Quentin: d'Oise en Somme et en Escaut 1810
7 - Canal
de haute
Seine en Basse Seine 1821
8
- Canal de Bourgogne: d'Yonne en Saône 1832
9
- Canal d'Ille-et-Rance 1833
10
- Rhône au Rhin 1833
11-
Canal des Ardennes: de l'Aisne à la Meuse 1836
12
- Canal de Nantes à Brest: de la Vilaine,
de l'Oust au Blavet, du Blavet, de l'Aulne 1838
13
- Canal de la Sambre à l'Oise 1839
14
- Canal du Berry: du Cher en Loire 1841
15
- Canal du Nivernais: d Yonne en Loire 1842
16
- Canal de la Marne au Rhin 1853
17
- Canal de l'Aisne d la Marne 1866
18
- Canal de l'Est: de la Meuse à la Moselle et à la Saône 1882
19-
à l'Aisne 1890
20
- Canal de la Marne à la Saône 1907
Les
canaux de jonction de France forment une partie essentielle du réseau
navigable français. Ils sont très nombreux et anciens.
Ils offrent la
particularité de franchir des seuils haut placés c'est-à-dire de traverser
des régions accidentées; certains d'entre eux sont d'une grande beauté,
en contrepartie ils comportent fréquemment un grand nombre d'écluses.
En matière de navigation, deux conséquences complémentaires découlent directement de cette canalisation généralisée: la spécialisation de la voie d'eau dans les transports lourds et la naissance de la batellerie de canal.